fraternité
Hier soir, sur les écrans de l'étrange lucarne, elles étaient 2, vêtues de couleurs claires, maquillages parfaits, coupes de cheveux nettement plus fraiches que la mienne. Main dans la main, le regard légèrement illuminé, des mots que même leurs proches ont du mal à croire , mais rien de rien, même pas un petit bout de phrase en direction des dizaines, centaines de milliers de pauvres ploucs licenciés ou en voie de l'être , ceux qui vont faire augmenter la moyenne nationale de consommation d'antidépresseurs: si ils en ont les moyens, parce qu'avec les franchises médicales......
Pendant ce temps, dans un local du sud de la France, nous sommes 8: 5 hommes, 3 femmes . De 3 partis politiques: de celui des 2 madones, de celui qui fut le plus grand après guerre, du mien enfin du nôtre. Ca commence tranquille, très courtois, je sors les canettes du frigo , histoire de faire un peu familial. Et puis un homme, un de ceux qui a de la route au compteur, il y a un an il ne m'aurait même pas dit bonjour , attaque: vous voulez faire l'unité, alors pourquoi vous ne venez pas avec nous à la préfecture...? Il s'énerve un peu, le camarade , alors on le calme: parce que personne ne nous l'a proposé ! C'et bon, les premiers tirs s'arrêtent, on peut discuter. Pendant 3 heures. Dimanche, nous serons tous sur le marché, chacun avec le badge de "son" parti, mais ensemble. Parce qu'il faut que ça s'arrête! Et que, si nous ne sommes pas entendus, la semaine suivante, on sera encore plus nombreux. Partout. Que peu à peu, on va dégommer la bête avec nos lance-pierres, il n'y a pas d'autre solution. Qu'on va leur rappeler , aux grands chefs de la gôche, qu'ils sont là pour la classe ouvrière, et pas pour se choper des postes de députés européens grassement payés à faire appliquer des directives videuses de frigos et d'espoir .
On se sépare avec le sourire, et même on se fait la bise. Et je me dis que le mot "fraternité", c'est bien autre chose qu'un slogan raccoleur.