larmes
Parce qu'aujourd'hui, mon compte en banque a repris un peu de couleurs, ce soir, j'ai embarqué le Fiston au cinéma, voir "Indigènes".
L'étalage de bons sentiments qui a précédé la sortie, les effets d'annonce de notre président (pas trop compliqué d'augmenter les pensions de ceux qui sont preque tous morts!), m'avaient fait hésiter.Mais il se trouve que mon paternel (lui aussi a quitté ce monde) avait fait le débarquement à Ramatuelle en 1944, avec ces même goumiers à qui le film rend hommage. Impossible d'oublier son regard quand, 2 ans avant son départ, nous avions visité ensemble le mémorial du Mont-Faron.
Impossible également d'ignorer, lors de mes fréquentes promenades à Sollies-Ville, village perché que j'affectionne, les plaques au coin des rues , discrètes, apprenant que des hommes aux noms d'outre-méditerranée y sont "morts pour la France".
En 2004, nous avions été invités, par l'intermédiaire d'une assoc d'anciens spahis, à la commémoration du débarquement à Cavalaire: au premier rang, devant le drapeau tricolore, ils étaient quelques-uns, cheveux blancs, burnous impeccables, silencieux. J'ai appris plus tard que l'on avait "oublié" de prévoir des repas pour eux: les femmes d'une cité de Toulon s'étaient débrouillées pour improviser un couscous...
Ce soir, en sortant du cinéma, j'ai pensé qu'aucun film, aucun discours ne pourra jamais compenser cette indignité, j'en ai pleuré de rage et d'impuissance.Fiston ne pleure plus devant sa mère, mais j'ai trouvé ses yeux bien brillants.
Les goumiers à Toulon en 1944