dans ce monde de brutes
Il y a quelques années, je m'étais retrouvée dans son petit bureau de conseiller financier, un souci, un de plus sur mon compte, il n'avait pas tiqué, avait faxé ce qu'il fallait pour m'éviter les foudres de Big brother , j'avais eu le temps de remarquer qu'il était fort bel homme . Il m'avait courtoisement raccompagnée, une main discrète sur mon épaule ne vous inquiétez pas, nous passons tous des épreuves, moi j'ai vu ma femme mourir d'un cancer ily a 6 mois.....
Cet après-midi, enveloppée dans chales, écharpes, manteau, parce que ben non, ma bronchite n'est pas finie, ben oui, j'ai revu mon toubib, Fils Ainé m'embarque dans sa voiture , direction la poste, encore une tuile, avec un Big brother encore plus méchant qu'avant. Bien sur, dans tous les bureaux de tous les quartiers, c'est du délire, personne n'est disponible, ça fait la gueule de partout.Je me décide en centre-ville où, curieusement, il y a moins de 10000 clients mécontents, je prends mon tour sur mes flageolantes cannes. A y est, c'est à moi, je suis au guichet, le monsieur lève la tête, ben mince alors, c'est lui!
Je débite mon texte, j'ai tout préparé, numéros, pourquoi, comment, euh s'il vous plait. Moi je ne fais pas ça, voyez un conseiller financier....!! Mais aucun n'est là....Je n'y suis pour rien, chère madame. Là, je craque, je balance sur lecomptoir mes petits papiers, ma carte, p***** (censuré) c'est quoi ce monde de snipers..??? Bon je vous fais votre fax, ça va vous couter 2, 70€. J'en reste baba, et puis je continue à monter en puissance, qu'il les prenne ses 2, 70€, et pendant qu'il y est, qu'il me passe un carton, comme ça, je peux m'installler à la porte, il reste une place pour faire la manche. Vous voulez qu'on pleure ensemble...? Le ton est ironique, je vais le tuer, c'est sur, mince, j'ai pas la force d'enjamber le guichet. Je me contente de rédiger mon machin sans le regarder, il embarque le tout, disparait derrière. Revient, le ton a changé, moi toujours à bloc, je ne l'entends pas tout de suite. Me propose, puisque je dépose un chèque, de faxer le chèque en même temps. Donc, avec la photocopie, ça fait 2,80, ok. Je fouille dans mon petit porte-monnaie, prête à lui balancer les pièces jaunes, rouges, les vieux tickets dans sa figure de pauvre cynique capitalo de base.
Je vous en prie, oubliez ça...Silence, je le regarde, il détourne les yeux. Considérez cela comme des excuses pour propos déplacés. Ah. Je dois faire autre chose...?Non, tout est bon, je règle ça immédiatement. Il repart derrière. Moi, je redresse ma carcasse pour toiser les pauvres humains qui font la queue avec des regards du genre mais-qu'est-ce-qu'elle-a-celle-là-avec-ses-histoires, je sors retrouver Fils Ainé. Qui m'attend avec le sourire. Nous sommes vivants.