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20 septembre 2011

Un héros ordinaire

19_01_43_avec_Helingstein Je viens d'avoir une presque bonne nouvelle. Mais comme en ces temps incertains, on a beau être une militante avertie ( en plus mon prénom signifie "guerrière", non mais), on en deviendrait presque superstitieuse, je vais attendre un peu avant de me réjouir pour de bon et vous le hurler sur les écrans.

Je m'en vais donc encore une fois vous parler de Louis. C'est un commentaire d'un certain blogueur qui m'a remis en tête cette partie de son histoire à lui qui rejoignait l'Histoire avec un grand H comme on dit. La photo a été prise en 1943, Louis est le plus petit des deux, et il fait l'andouille ça c'était la posture qu'il prenait quand il voulait nous faire rire. Ces 2 fringants spahis ne savent pas encore que, un peu plus d'un an plus tard, ils vont venir faire du tourisme sur les côtes varoises (c'est comme ça qu'il disait le Louis).

Louis, c'était le deuxième de la fratrie. Dans les réunions de famille, on chuchotait que c'était un enfant "pas désiré". C'était lui qu'on envoyait faire les courses, qu'on mettait derrière quand on prenait des photos, toutes les petites mesquineries familiales, c'était pour lui. Mais il avait la pêche, Louis, alors il a passé son bac, attaqué une licence d'arabe littéraire. Et puis ça a commencé à gronder en "métropole", la guerre. Louis a fait ni une ni deux, il s'est engagé. A d'abord passé un an dans un fortin dans le sud marocain, "interprète aux affaires indigènes". Sa voix qui changeait quand il racontait les fantasias, les flûtes des petits bergers la nuit dans la montagne. Louis, né "colon" (enfin quand je dis colon, un père peintre et une mère instit, c'était pas carrément Autant en emporte le vent....) malgré lui, aimait cette terre et ceux qui la peuplaient.

De l'autre côté de la Méditerranée, c'était le cauchemar, le monstre qui dévorait une bonne partie de l'Europe. Un soir, l'"engagé volontaire" s'est retouvé sur un grand bateau. A traversé la grande bleue, est arrivé avec quelques milliers d'autres vers Saint Tropez. Comme tous ceux qui ont vu l'Horreur (avec un grand H comme Histoire) de près, Louis ne racontait pas trop. Des bribes. Comment, avec ses "goumiers", ils avaient empêché les héros de la dernière heure de tondre des filles qui avaient eu le mauvais goût de tomber amoureuses de jeunes gars un peu trop blonds. Il disait pendant la guerre, les jeunes ont envie de vivre encore plus, tu sais, les histoires d'amour ça aide à tenir. Il racontait les avions américains qui continuaient à bombarder La Ciotat qui venait d'être libérée, on a mis la DCA ça les a calmés les cow-boys. S'épanchait très peu sur ce qui lui avait valu de recevoir 2 médailles. Mais les portait au revers de son veston l'air de rien.

Une nuit de décembre 1995, Louis a arrêté de respirer. Comme ça, sans prévenir. Ma mère a fait graver sur la tombe "engagé volontaire de l'armée d'Afrique". Lui qui disait quand je passe l'arme à gauche, pas de chichis, un sac et dans la terre....

Louis, mon père, mon héros, si tu voyais ce qu'ils font du pays pour lequel tu t'étais battu...

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Commentaires
C
Merci ! ton récit m'a beaucoup émue ! ce spahi était, à sa manière, un grand homme et tu rends un bel hommage à ton père !
L
S'il te plaît, tu veux bien mettre un "t" à la place du "s" à "voulais"...
L
Le mien a arrêté de respirer en 87.<br /> On soupçonne qu'il ne voulais pas voir Chirac entamer ce que Sarko a si bien continué...
H
Ta chute coupe le souffle...
M
Mon papa a fait le chemin inverse ; et il en parle encore moins...
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