la course landaisel
Dans les landes, on trouve des récits de jeux avec les vaches dès le 15ème siècle: les gars qui les gardaient s'ennuyaient, ils n'avaient pas de baladeur, pas de téléphones mobiles, ils avaient ...les vaches. Alors, ils inventaient des jeux d'hommes de la campagne, de ces jeux dont les règles se transmettent et se transforment au cours des siècles. La course landaise actuelle, dite "formelle" est apparue à la moitié du XIXème siècle. On a commencé à construire des arènes en bois sur les places lors des fêtes patronales,certains villages plus "riches", ou des villes comme Dax ont de jolies arènes de style hispano-gascon (!).
Les vaches sont les soeurs des taureaux espagnols, de jolies bestioles qui ont du caractère, avec des cornes impressionnantes dont on enveloppe le bout, le but n'étant pas l'éventration des costauds d'en face.
La "cuadrilla": les cordiers qui dirigent (des fois à grand mal) la vache qui doit foncer sur le beau gosse en pantalon blanc et gilet brodé (j'ai rencontré une des dernières brodeuses il y a quelques années), l'"écarteur" qui esquive la vache au dernier moment d'un très joli mouvement de hanche en pivotant: des fois, il n'esquive rien du tout, les femmes du public s'affolent, les hommes bougonnent ; les"sauteurs", des petits jeunes qui font des frayeurs à leurs mamans en s'attachant les pieds (dans le béret, genoux attachés à l'aide de la cravate) et en effectuant des sauts de toutes sortes par dessus les vaches qui essayent, elles, de s'encorner un de ces bipèdes insolents.
Il y a la musique, une harmonie ou une "banda" (c'est comme une fanfare, mais c'est beaucoup plus, ça ne peut pas se raconter) qui s'installe dans les gradins et joue des airs que tout le monde connait par coeur et qui me donnent envie de pleurer. Ou de chanter, ça dépend.
Pour rien au monde, je ne raterais la course formele annuelle de "mon" village. Dans la vie normale, j'écoute du rock, du blues, de l'opéra, plein de choses, je lis Trotsky ou Brautigan, voire Marguerite Duras,je ne raffole pas des ambiances viriles (mais correctes!), je regarde arte, mais les soirs de course, je suis à ma place préférée, pas loin du jury, au dessus des "loges" des vaches, je crie, je tape des mains, je tombe raide amoureuse de certains écarteurs, pendant 3 heures, je plonge sans filet dans une partie d'hitoire qui a franchi les siècles.
Ca, c'est ma première photo d'écart, ça pourrait être mieux, il faudrait ajouter l'odeur forte de l'eau de cologne des voisins de gradins mélangée à celle des bêtes, les commentaires enthousiastes du speaker qui roule joliment les R, la "marche cazerienne" jouée par l'harmonie (XVème siècle, dit-on?), les gradons qui font mal au fessier, le verre de vin limé à l'entr'acte, il faudrait y être.....