Babou

Bon, ça fait un bail que je ne l'ai pas appelé comme ça, Fils Ainé, mon Babou. Né à Malaga, toutes les nanas de la maternité avaient défilé pour venir admirer "el rubito", le petit blond. Mon premier bébé.... Et puis son père (je ne voulais pas voir) qui commençait à dérailler grave. Le retour en France, moi je serais bien restée à vivre là-bas comme une semi-sauvage, mais le père voulait, j'ai suivi. Je ne comprenais pas que c'était lui qu'il ne supportait pas, qu'il serait mal partout. Il y a eu la Princesse, il y a eu Fiston, leur père était de plus en plus ...comment dire... Raconter la violence, pas possible , même sur le divan du mardi soir, ça ne sort pas.

Fils Ainé était là, petit bonhomme vaillant, le jour où il a dit à son père arrête Papa, on va partir, moi j'aiderai Maman, ce jour là mon coeur a battu de travers, je ne l'oublierai jamais. Depuis, après des années de terreur, le père a été "hospitalisé d'office" un bon paquet de fois. Je ne le vois plus, les enfants non plus. Mais dimanche, J, mon "beau-frère" est arrivé. J'ai toujours eu d'excellentes relations avec cet homme, les enfants aussi. Hier, Fils Ainé et la Princesse ont passé l'après-midi avec lui. J avait une mission, donner à Fils Ainé une grosse liasse de billets économisée par le père pour qu'il la partage en 3.

Hier soir, devant son tas d'euros, Fils Ainé a craqué. Il n'en voulait pas de cet argent, ça ne payerait jamais le prix de la souffrance. Et bien sûr, comme j'étais là, c'est moi qui ai pris tout le malheur du monde en pleine face. Des mots très durs, un coup de pied dans la table basse du salon (qui franchement n'avait pas besoin de ça), et puis au bout d'une éternité, les larmes, mon grand gaillard blond aux yeux bleus, mon Babou accroché à mon épaule. Après, tous les 2 sur le canapé, on s'est dit des choses, j'ai parlé de sa naissance, de mes rêves, j'ai expliqué que, non, je ne peux pas "tout" dire. Mais Fils Ainé souriait à travers ses larmes, je suis allée me coucher, il est sorti.

Ce soir, je pars au restaurant en famille (J. Fils Ainé, et Fiston et moi, la Princesse se lève à 4h00 demain), je vais être en retard, Fils Ainé vient de me textoter "no stress".

La vie quoi.....

Comments

[maevina]

il y a des actes, des mots que l'on ne peut pas oublier, et les souffrances qui les accompagnent sont toujours très vives

[heure-bleue]

Tu es courageuse et tes enfants ont de la chance...

[nigloo]

L'important c'est "no stress"!!^^

[MAD]

Oui, c'est pas facile du tout... mais quand on arrive à le sortir, qu'est-ce que ça fait du bien...
Parce que malgré tout, même si c'est fini, ça reste et ça ronge à l'intérieur.
Et les larmes aident à laver tout ça.

[le-gout-des-autr]

Hier, en lisant ta note, je faisais à Heure-bleue que tes notes sont souvent plus faites pour être "dites" que lues.
Tu as le sens du théâtre et de la poésie ma grande.

Et ce n'est pas si courant...